NOS OBJECTIFS
Co-construire un réseau d’éco-lieux solidaires et résilients,
avec l’autogestion au coeur du fonctionnement
des « 109 en Action ! »
L’organisation : c’est toi !
en utilisant un autre modèle économique que l’économie marchande





L'autogestion, ce n'est pas « chacun fait à sa sauce », c'est une intelligence collective en mouvement. Et comme tout chantier, ça évolue, ça se construit, ça se discute. On apprend, on s'écoute, on avance.
L'autogestion, concrètement :
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On prend les décisions ensemble, en réunion ou en petit groupe.
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On choisit où on s'investit, selon ses envies, ses compétences ou ce qu'on a envie d'apprendre.
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Les besoins du jour sont partagés, les rôles tournent, chacun·e peut proposer ou se proposer.
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On apprend en faisant, et on ajuste quand ça coince.
Faire ensemble, à sa manière
Sans hiérarchie ni chef : tout le monde peut contribuer.
Éplucher des pommes, chanter une chanson, garder les enfants, construire, faire de l’administratif, accueillir, communiquer sur les réseaux sociaux, gérer le parking ou juste écouter et proposer : tout compte.
À soi son rythme, à soi sa manière.
L'important, c'est de faire ensemble, en confiance, dans la joie et la fluidité.
C'est un fonctionnement en dialogue permanent, entre celles et ceux qui font, organisent, soutiennent, relient.
Utiliser un autre modèle économique que l’économie marchande pour expérimenter la société post-argent
« les fondamentaux de l’économie du don, et l’expérience que cela provoque. »
tiré du site internet de Jean-François Noubel : https://noubel.com/leconomie-du-don/
Depuis 2011, Jean-françois Noubel vit, lui-même, à 100 % dans l’économie du don.
Qu’appelle-t-on l’économie du don ?
L’économie du don implique qu’une personne A offre une richesse à une personne B, sans que cette personne B ait à donner une contrepartie ou se sente en dette vis-à-vis de A.

On dit souvent qu’on donne sans attente et sans compter… Rien de plus faux. Le don implique certes qu’il n’y ait pas de contrepartie ni de dette (contrairement à l’économie de marché), cependant il y a toujours un contexte dans lequel un don s’effectue. Une fête, un anniversaire, l’envie d’aider, un geste d’amour, une transmission entre générations, la vie sociale dans un village, un soin… autant de contextes qui déterminent la nature du don, sa qualité comme sa quantité.
On ne donne donc pas n’importe quoi à n’importe qui et n’importe quand. Si je vis dans un village, je peux décider d’aider mon voisin à réparer son toit, vais-je pour autant lui offrir ma maison ? J’offre un livre à mon ami pour son anniversaire, mais vais-je lui offrir 1 million d’euros pour peu que je les aie ? Pour mon enfant, par contre, j’offre ma vie et mon temps sans compter. A l’hôpital, je donne mon sang, sur couchsurfing j’offre le gîte au voyageur. Il existe des circonstances où l’on peut sacrifier sa vie pour d’autres, par amour, par idéologie, par acte de guerre ou de paix, par acte de foi. Si je meurs, je peux aussi offrir mes organes. On peut également donner son temps pour une cause…
Chaque exemple que je viens de citer montre l’importance du contexte quant à la nature du don. Il ne faut jamais ignorer le contexte.
L’économie de marché

L’économie de marché implique ce qu’on appelle la condition de contrepartie. A transmet une richesse à B à condition que B retourne une richesse équivalente, sinon la transaction ne se réalise pas. Notons que l’économie de marché inclut aussi le troc. Les deux protagonistes doivent tomber d’accord sur l’équivalence des richesses qu’ils s’échangent, ce qui peut donner lieu à de la négociation ou du marchandage. Le prix final, ou la nature de la contrepartie finale en cas de troc, se détermine par l’équilibre des tensions.
L’économie de marché peut se dérouler avec ou sans monnaie. Si elle se déroule avec une monnaie, cette dernière peut exister sous forme d’argent (le type de monnaie que nous connaissons fondé sur la dette, et dans lequel nous avons grandi), ou avec d’autres formes monétaires qui restent à inventer (voir “Vers la société post-argent“). Si l’on utilise l’argent, alors il s’agit de ce qu’on appelle une monnaie rare. La rareté va alors attiser la compétition, la thésaurisation, la concentration des richesses et des pouvoirs. L’argent constitue une technologie appropriée pour une société humaine à intelligence collective pyramidale qui, justement, s’élabore sur une économie de marché, la compétition et la rareté. J’anticipe que le passage à l’intelligence collective holomidale s’opérera avec la naissance de technologies post-argent qui favoriseront le partage et la coopération, sans pour autant ôter les bénéfices que la compétition peut apporter lorsqu’elle s’avère fertile.
La langue de l’économie du don
Nous grandissons, nous vivons, nous mangeons, nous dormons et rêvons dans le paradigme de l’économie de marché.

Ce dernier constitue notre paysage quotidien que nous décrivons au moyen de centaines de mots, termes et concepts : achat, vente, remise, marge, chiffre d’affaires, impôts, travail, salaire, charges, bénéfices, pertes, intérêt, crédit, propriété, actions, parts, dette, emprunt, taux, parité, bons, monnaie, argent, billets, cartes de crédit, payant, gratuit, ROI, levier, loyer, thésaurisation, investissement, amortissement, EBITDA, OPA, Bourse, valeurs, obligations, OPCVM, liquidités, spéculation, produits dérivés, broker, trading, coûts de latence, data snooping, et tant d’autres…
De combien de mots disposons-nous pour qualifier l’économie du don ?
De moins d’une dizaine, imprécis et flous pour la plupart. Ils ont même une connotation de gentils Bisounours ou Schtroumpfs idéalistes.
Les articles qu’on trouve ci et là sur le sujet, y compris dans wikipedia, trahissent bien ce flou et le manque d’expérience théorique et pratique des auteurs. Imprécis et vagues, ils empruntent leurs mots à l’économie de marché.
Par exemple on parle d’échange alors qu’il s’agit de don, et l’on confond sans complexe don et gratuité. Les “experts” sur le sujet vont même jusqu’à évoquer la notion de don et contre-don, tellement l’esprit ne peut s’échapper du marché et de la dette.
Cette confusion atteint son paroxysme dans le mot “richesse” ou “riche”. Si je désigne une personne comme riche, tout le monde pensera à son compte en banque. Qui pensera à la richesse la plus essentielle, celle du bonheur, celle de la réalisation de soi, celle de la qualité de ses relations ? Dans la plupart des cultures modernes, on mélange riche et argent.
Les conséquences de cette confusion ontologique me paraissent profondément destructrices sur les plans social et psychique.
Pour vous donner une image quant à notre manque de vocabulaire, nous nous comportons face à l’économie du don comme des fabricants d’automobiles tentant de décrire un avion. Même s’il y a des points communs, le vocabulaire et les concepts de la mécanique automobile ne permettront jamais de décrire un avion, encore moins de le faire voler. Il faut développer une nouvelle science, celle de l’aéronautique, avec ses noms, ses lois, ses formules, ses définitions.
De la même façon, jamais le langage de l’économie de marché ne permettra de décrire et de faire marcher l’économie du don.
Il nous faut une “science” de l’économie du don et, de manière plus large, une science économique qui transcende celle de l’argent et de la dette qui prédomine aujourd’hui.
Pourtant l’économie du don offre un éventail de possibilités bien supérieur à celui de l’économie de marché, un peu comme l’aviation par rapport à l’automobile où l’on passe à la 3D par rapport à la 2D. L’économie du don permet de construire plus de richesses, elle porte une multidimensionnalité qu’on ne trouve pas ailleurs, elle offre un modèle sociétal plus holistique et plus intégratif de l’individu dans le collectif et du collectif dans l’individu. Mais tant que nous n’aurons pas de langage pour la décrire et la faire fonctionner autrement qu’en petits comités, l’économie du don n’aura aucune chance d’exister à grande échelle.
Il y a donc tout à inventer pour décrire ce paradigme, ses mécanismes, son ingénierie sociale, son infrastructure technique. Une des tâches premières de mon aventure consiste donc à poser des mots, des définitions et des concepts précis pour décrire cette autre réalité.
Quelques termes pour commencer…
Le mini glossaire ci-dessous vous donnera des définitions telles que je les utilise dans le contexte de l’intelligence collective, discipline qui inclut, bien sûr, la question des monnaies et des technologies de la richesse.
Economie
La gestion et régulation de la richesse. Cette définition va bien au-delà, et de manière plus universelle, que la “production, la distribution, l’échange et la consommation de biens et de services”, comme l’indique wikipedia.
Le Larousse, lui, emploie le terme de “richesses” plutôt que de “services”, mais reste également cantonné dans les notions de “production, distribution, échange et consommation”, ce qui implicitement nous enferme dans les richesses uniquement matérielles.
Dans la définition que je donne à l’économie, on parle de richesses au sens le plus large possible, ce qui inclut des richesses non matérielles.
Pour distinguer ce terme de son sens ancien, je parle également de richesse profonde.
Economie du don
Economie fonctionnant sur l’acte d’offrir et d’accueillir sans condition de contrepartie ou de dette.
Economie de marché
Economie fonctionnant sur la condition de contrepartie et de la dette, celle de donner une richesse équivalente à ce que l’on reçoit, sans quoi l’échange n’a pas lieu.
Gratitude
La gratitude et la reconnaissance constituent la clé de voûte de l’économie du don.
J’aime ce terme anglais (et nouveau) de giftism, difficile à traduire en français. Vous pouvez recevoir un cadeau et avoir envie de manifester votre gratitude, qu’il s’agisse de dire “merci” ou d’offrir un autre cadeau.
J’insiste : il ne s’agit absolument pas d’un échange.
Don
“Don” ne veut pas dire “échange”.
Si, en donnant quelque chose, vous attendez quelque chose en retour (un autre “cadeau”, de la considération, de l’amour, de la réputation…), alors vous opérez dans une dynamique différente de celle du don.
De même, si lorsqu’on vous offre quelque chose, vous vous sentez en dette, alors vous continuez d’opérer dans une forme d’échange.
Don veut dire donner ou recevoir sans contrepartie. Pensez contexte. Quel contexte fait que vous offrez ou recevez ? Clarifiez cela avec vos pairs et avec vous-même.
Holoptisme
Venant des racines grecques holos (tout) et optikè (voir), l’holoptisme implique “voir le tout”.
Imaginez-vous en train de jouer un sport d’équipe. Vous avez constamment accès au “tout”, à savoir ce qui ce passe au niveau holistique sur le terrain. Vous voyez votre équipe en tant qu’entité vivante, ainsi que celle adverse. D’ailleurs, ce qui fait un bon joueur vient autant de sa capacité technique à jouer le ballon que de sa qualité “d’holopticien·ne”, celle de comprendre et de voir ce tout. Cela demande un certain entraînement.
Maintenant imaginez-vous vivre dans un petit village. Vous savez ce que vous pouvez offrir et recevoir, car vous avez sans cesse accès à ce tout. Vous sentez l’équilibre des choses, ce que vous pouvez donner et ne pas donner. Vous sentez si une action va non seulement aider une personne, mais aussi contribuer à la richesse générale, richesse dont vous allez bénéficier.
L’holoptisme offre cette extraordinaire propriété qui relie l’individu au tout, et le tout à l’individu, permettant un dialogue et des ajustements permanents.
Il rend possible l’économie du don.
Gratuit / Payant
Ces mots n’appartiennent pas au langage de l’économie du don.
Ils appartiennent à l’économie de marché pour distinguer ce que l’on paie de ce qui se transmet “sans payer” (souvent pour acheter autre chose derrière).
Mais j’insiste — et je sais que ça prend beaucoup de temps à intégrer — don ne veut pas dire gratuit.
Don veut dire… don. Le don engage des efforts, des manifestations de tout un tas de richesses immatérielles pour qu’il puisse s’opérer. On ne donne pas sans ce fameux contexte dont je vous parlais plus haut.
Par exemple, lorsqu’une entreprise me demande de l’aider, je pose des conditions très strictes pour le contexte, pour autant je ne leur demande pas de me payer ou me donner quelque chose en échange.
Richesse
Tout ce qui nous rapproche du Beau, du Bon, du Vrai.
Richesse Intégrale
La richesse intégrale inclut toutes les formes de richesse : mobile, mesurable, ordonable et énonçable.
L’holoptisme comme condition de l’économie du don

Il faut en effet que l’individu ait une perception claire de la communauté dans laquelle il évolue pour bien ressentir ce qu’il peut donner et recevoir.
L’économie du don se pratique de manière naturelle en contexte d’intelligence collective originelle (village, équipe de sport, groupe de jazz, famille…), celle du petit groupe où tout le monde se voit et se perçoit. Lorsque je donne ou je reçois, je sais l’impact que cela a pour moi comme pour le collectif auquel j’appartiens, ce que permet l’holoptisme.
L’holoptisme existe comme propriété naturelle à petite échelle ; la nature nous a en effet dotés d’un système d’information biologique — nos sens et notre cerveau actuels — qui nous permet de voir le collectif dans lequel nous évoluons.
Plutôt qu’une vision primaire comme celle d’un objet physique, il s’agit d’une représentation, d’une construction complexe qui s’élabore dans notre espace cognitif. La plupart des mammifères, ainsi que certains oiseaux migrateurs, possèdent cette faculté.
Ce qui fait d’ailleurs un·e bon·ne joueureuse dans une équipe de sport tient autant à sa capacité de bien jouer le ballon qu’à celle de se représenter le tout dans son esprit. Cela lui permet ainsi de construire des actions symbiotiques avec l’équipe, actions que l’on peut voir comme des formes de dons offerts et reçus (on ne se “facture” pas les km courus ou les efforts investis).
Il n’existe donc pas d’économie du don sans holoptisme.
De l’holoptisme au panoptisme, vers l’économie de marché

Quand on devient trop nombreux et en distance les uns par rapport aux autres, on perd l’holoptisme, on passe au panoptisme, qui se traduit par des mécanismes centralisés et pyramidaux de contrôle et de régulation.
Imaginez la société comme une montagne. Ceux d’en-haut voient tout mais sans le détail, ceux d’en-bas voient le détail mais sans la vision d’ensemble, avec tous les intermédiaires entre les deux. La société panoptique, qui caractérise l’intelligence collective pyramidale, se construit avec des presbytes et des myopes. Cette cécité relative nous fait donc perdre l’holoptisme, par conséquence, notre capacité naturelle à vivre dans le don.
L’économie de marché s’inscrit dans cette évolution, à l’arrivée de l’intelligence collective pyramidale.
Son avènement a permis à de grands collectifs de s’organiser, à des civilisations entières de naître, avec leurs castes, leurs classes sociales, leurs pouvoirs centralisés, leurs chaines de commandement. La monnaie a rendu possible la circulation de richesses à grande échelle, où l’équilibre économique se maintient par le marché, la condition de contrepartie lors de chaque échange.
L’économie de marché s’étend bien au-delà de notre perception sensorielle immédiate ; le village devient ville, pays, continent, planète. Macro, conceptuelle, abstraite, immense, transcendante, trop vaste pour l’esprit individuel, maintes théories ont tenté de démontrer que l’économie de marché jouissait de son propre équilibre. On lui prête la fameuse “main invisible” qui régule et arrange tout. On a là toutes les caractéristiques d’un égrégore, sinon d’une religion. Mais plus pragmatiquement, derrière la main invisible, on trouve surtout des pouvoirs concentrés dans les mains de quelques uns, à des échelles dont très peu de gens ont idée.
Qui réalise aujourd’hui le niveau de concentration des richesses et du pouvoir ? Cela dépasse l’imagination.
L’économie de marché fondée sur l’argent rare constitue l’ADN de l’intelligence collective pyramidale. Sans cette dynamique, cette dernière ne saurait exister. Nos Etats, nos constitutions actuelles, les Droits de l’Homme, se fondent sur ces notions culturelles de propriété, du travail, du marché, signatures de l’intelligence collective pyramidale. Tout un paradigme qui se revendique, à tort me semble-t-il, du “droit naturel”.
Si elle a incontestablement représenté une étape nécessaire dans l’évolution de l’Homme, l’économie de marché fondée sur l’argent rare montre aujourd’hui non seulement ses limites, mais ses aspects toxiques et destructeurs pour la vie et la planète.
Toutes les richesses ne se vendent pas et ne s’achètent pas, loin s’en faut, et l’on ne saurait réduire le mot “richesse” aux seules commodités matérielles. Ajoutons que les flux de la vie sur terre — ressources, énergie — ne peuvent simplement se contenter de suivre les routes du marché et de l’argent qui convergent toutes vers les mégapoles et les grands centres économiques.
La vie a besoin de suivre ses propres flux, plus complexes et holistiques. L’Humain n’a donc d’autre alternative que de passer à l’étape suivante — probablement l’espèce suivante — qui construira sa réalité sur une nouvelle langue constitutive d’une nouvelle réalité, la langue des flux et de la richesse intégrale.
Ce à quoi j’[Jean-françois Noubel] œuvre, avec passion et patience [et ce qui est également la ligne des 109 en Action ! ]
Et quelques rectifications…
A la marge, l’économie du don ?
Cela paraîtra étrange à certains, mais l’économie du don constitue la première forme d’économie que nous apprenons, la plus ancienne et la plus naturelle. Elle commence par la famille où, que je sache, on ne se facture pas ce que l’on donne et ce que l’on reçoit. Elle se prolonge ensuite dans la communauté étendue, le village, l’école, l’équipe de sport, les amis… L’économie du don constitue la forme sociale la plus ancienne que nous connaissons, celle dans laquelle nos structures cognitives et relationnelles opèrent le mieux. Nous allons voir pourquoi.
La majorité des gens pensent que l’économie du don vit à la marge de l’économie de marché. Pire : ils croient que le don peut exister grâce au dynamisme du marché. Faisons de la croissance, gagnons beaucoup d’argent, on pourra ainsi en offrir au travers d’actions caritatives… De même, la solidarité sociale (impôts, sécurité sociale…) ne se fonde-t-elle pas sur l’économie de marché ?
Il y a une terrifiante erreur derrière ces croyances. On peut la pardonner du fait que tout le monde vit dans la petite bulle du marché où chacun voit midi à la porte de sa boutique.
La pardonner, sans pour autant l’accepter.